2008
Sculptures Filmographiques
“J’apprécie grandement ces œuvres réalisées à partir de films sur cassettes vidéo. Chaque film est choisi méticuleusement, à l’instar des “Oiseaux” d’Hitchcock, et est utilisé sans être découpé. Il est ensuite fixé sur un support qui permet au spectateur de voir l’intégralité du film sans véritablement le regarder.
Cette démarche artistique éveille notre curiosité sur la nature de l’expérience cinématographique. En exposant le film sous une forme physique et linéaire, l’œuvre remet en question nos attentes habituelles en matière de narration et de temporalité. Est-ce que le film, lorsque présenté de cette manière, suscite en nous les mêmes émotions ou les mêmes réflexions ? Ou est-ce que cette transformation radicale du médium révèle d’autres facettes du film que nous n’aurions pas envisagées autrement ?
[row_inner_3] [col_inner_3 span__sm=”12″]Arsen Eca
[/col_inner_3] [/row_inner_3]Dans le cadre contemporain de l’art phygital, Arsen ECA se démarque en empruntant des sentiers audacieux. Se situant au confluent du tangible et du numérique, son oeuvre fait écho à une exploration profonde du cinéma, matière première de ses sculptures singulières. L’artiste parisien ne se contente pas d’un hommage superficiel aux chefs-d’œuvre cinématographiques, il les réincarne dans un espace tridimensionnel, offrant au spectateur une réinterprétation matérielle de l’intangible.
Le travail d’Eca sur les films entiers cristallise l’essence de récits iconiques tels que “Les Oiseaux” d’Alfred Hitchcock. Chaque film est présenté dans son intégralité, transmué en une forme sculpturale. La démarche va au-delà d’une simple représentation ; elle invite à une redécouverte profonde, offrant au spectateur l’expérience de voir en un instant l’entièreté du film. C’est un voyage visuel condensé, où chaque scène, chaque dialogue, chaque tension dramatique est encapsulée dans une structure physique. L’expression “voir un film” est ici réinventée, elle transcende le linéaire pour embrasser le spatial.
Le spectateur est convié à une réflexion sur le temps, sur l’émotion et sur la mémoire collective. Dans l’espace d’exposition, il n’est plus simplement un spectateur passif, mais devient un acteur de l’expérience artistique. Il interagit avec le film d’une manière inédite, où le regard n’est plus seulement tourné vers un écran, mais circule autour d’une entité sculpturale, explorant les détails, les nuances et les émotions sous un prisme renouvelé.
La démarche d’Eca interroge également notre rapport au cinéma dans une ère saturée d’images. Dans un monde où les écrans dictent le rythme quotidien, l’artiste propose une pause, un instant de contemplation et de réflexion. Les œuvres d’Eca ne sont pas de simples objets statiques, elles sont des fenêtres ouvertes sur l’imaginaire collectif, elles résonnent avec les émotions enfouies et les souvenirs partagés par des générations de spectateurs.
En intégrant l’intégralité des films dans ses sculptures, Eca ne fait pas que repousser les frontières de l’art phygital, il engage une conversation poétique entre le passé et le présent, entre la mémoire collective et l’expérience individuelle. Chaque sculpture est une ode à la magie du cinéma, une invitation à revisiter les émotions partagées, à réfléchir sur l’impact durable des récits cinématographiques et à envisager l’art sous une lumière nouvelle. Le cinéma n’est plus une suite d’images en mouvement, mais un écosystème d’émotions palpables, une topographie de la mémoire collective que le spectateur est invité à naviguer, à ressentir et à interroger.