Autour de moi, au fil des jours, je perçois de plus en plus clairement que nous sommes devenus les serviteurs d’un système à la fois puissant et sournois. Ce système est tissé d’algorithmes qui, sous couvert de nous faciliter la vie, nous privent progressivement de notre capacité à choisir. Il nous présente ce qu’il estime être le meilleur choix pour nous, nous délestant ainsi de notre pouvoir de décision et de notre liberté de jugement. Cette évolution, subtile mais constante, nous conduit vers une existence où nos choix, nos préférences et même nos désirs semblent être préconfigurés par une intelligence artificielle omniprésente et omnisciente.

 

Pour moi, il était manifeste que même nos émotions et nos sentiments seraient progressivement homogénéisés dans ce système. Nous sommes devenus avares en sentiments, et nos émotions s’estompent peu à peu. Même notre colère, autrefois vive et brûlante, se trouve désormais adoucie, voire aseptisée. Face à ce constat, j’ai ressenti l’urgence de redonner une forme concrète à la colère, tout en reflétant la dynamique actuelle de notre société et notre propension croissante à l’inaction et à la paresse.

 

En imitant le système qui façonne notre réalité, où la facilité prime et l’effort semble être de plus en plus délaissé, j’ai cherché à remettre en lumière l’importance et la puissance des émotions brutes, notamment la colère. Il s’agissait pour moi de rappeler l’importance de ressentir pleinement, de réagir authentiquement, dans un monde où même nos réactions les plus intimes semblent être dictées ou modérées par des forces extérieures.

Comment assister les hommes à exprimer leur colère, tout en restant confortablement assis dans leur canapé, absorbés par leur écran ? Cette interrogation soulève un défi fascinant dans notre ère numérique, où l’expression émotionnelle se heurte à la commodité de la technologie.