2013

Notre liberté, on l’a dans le cul

“Pourquoi s’intéresser à un objet comme le suppositoire ? Parce que personne ne s’y intéresse. Il est polysémique, tant par sa forme que par sa signification. J’ai entrepris comme projet de créer des suppositoires pour tout : suppositoire pour l’amitié, suppositoire pour la gloire, suppositoire pour le courage, etc. L’idée sous-jacente est que, dans tous les cas de figure, on est perdant.

Ce projet interpelle à plusieurs niveaux. Il questionne notre rapport aux objets du quotidien, souvent négligés ou stigmatisés, et y injecte une dose d’ironie mordante. En créant des suppositoires pour des abstractions comme l’amitié ou la gloire, le travail met en lumière notre désir souvent futile de solutions rapides et faciles pour des problématiques complexes et nuancées. L’adage populaire “on l’a toujours dans le cul” sert ici de point d’ancrage pour une réflexion plus large sur notre quête d’instantanéité et notre propension à chercher des raccourcis, même lorsque ceux-ci peuvent être contre-productifs ou trompeurs..

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Arsen Eca

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Arsen Eca, en puisant dans la sagesse intemporelle de Georges Braque qui affirmait que “la vérité existe, on n’invente que le mensonge,” façonne un projet artistique audacieux autour de suppositoires symboliques. Ces objets, bien que banals en apparence, deviennent le vecteur d’une exploration profonde des dichotomies entre vérité et illusion, révélation et dissimulation dans le tissu de la société contemporaine.

Les suppositoires, dans l’imaginaire d’Arsen Eca, transcendent leur fonction médicinale quotidienne pour devenir des instruments de vérité dans un monde obscurci par les mensonges auto-générés. Chaque suppositoire est une incarnation de la quête de vérité, une critique visuelle des façades que l’homme construit pour masquer la réalité inaltérable. Ils symbolisent la dichotomie entre la quête humaine de confort immédiat et la nécessité impérieuse de confronter la vérité, souvent difficile à digérer.

L’essence de ce projet réside dans la matérialisation de la citation de Braque, où les suppositoires servent de métaphore aux mensonges que nous ingérons en quête de soulagement temporaire, masquant ainsi la vérité qui, bien que parfois amère, est le seul remède à la malaise sociétale.

Les suppositoires d’Arsen Eca, avec leur intrication de formes, de couleurs et de textures, sont des représentations tangibles des mensonges que la société s’auto-administre. Ils incarnent la facilité avec laquelle nous sommes prêts à accepter des illusions pour un confort éphémère, tout en négligeant la vérité, souvent plus difficile à appréhender.

Le suppositoire, par sa fonction d’apaisement, symbolise les mensonges rassurants que nous choisissons souvent d’avaler, ignorant la vérité nue qui réside juste sous la surface. C’est une invitation à regarder au-delà des faux-semblants, à chercher la vérité même lorsqu’elle est inconfortable, et à reconnaître la nécessité de déconstruire les illusions pour atteindre une compréhension plus profonde et authentique.

À travers ce projet provocateur, Arsen Eca élargit le dialogue sur la nécessité de discerner la vérité des mensonges dans une époque de dissimulation rampante. Les suppositoires, en tant que métaphore des mensonges ingérés et des vérités ignorées, offrent une perspective viscérale sur la manière dont la société choisit souvent la facilité du mensonge sur la rigueur de la vérité. Ils nous rappellent que la vérité, bien que souvent évitée, est le chemin vers une compréhension plus profonde et une guérison authentique dans un monde en quête de sens véritable.

Arsen ECA