Pour acheter de l’invisible, du rien ou du vide, il faut tout d’abord le créer
Arsen ECA
Créer du rien
Je ne revendique pas la paternité du concept de “Rien”, car il flottait dans l’éther bien avant moi. Cependant, une question me taraudait : est-il possible de cristalliser ce “Rien”, de lui donner forme et ensuite de le commercialiser ? En 2008, ce terrain était vierge – personne n’avait encore modelé ni vendu du “Rien”. J’ai alors franchi un cap audacieux, en revendiquant la propriété de ce “Rien” et de l’acte de son acquisition.
C’est en 2008 que j’ai entamé cette aventure, en donnant vie à ma première œuvre. J’ai élaboré un système innovant et quelque peu atypique, qui permet à quiconque d’engendrer du “Rien” par une simple pression digitale. Ce clic, modeste mais fondamental, est le point d’origine de tout ce “Rien”, la semence du vide. Il incarne l’acte créateur, transformant le néant en une matière première tangible et saisissable.
Dans l’immensité de l’univers, la création du vide, de l’invisible, du “Rien”, s’orchestre autour d’un geste simple mais primordial : un clic. Ce geste est l’alpha de l’inexistence, la clé ouvrant les portes du néant. Sans ce clic, la matérialisation du “Rien” reste un mirage, une chimère insaisissable. C’est ce clic qui donne naissance à la nuance la plus éthérée du “Rien”, une matière première qui est ensuite mesurée, quantifiée et consignée.
Je commercialise cette essence même du “Rien”. Une substance capturée dans l’écho d’un clic, une empreinte de l’impalpable, offerte à ceux qui cherchent à posséder l’inatteignable. Dans ce geste d’acquisition, on trouve la poésie de l’absence, la beauté de l’insaisissable.
Vendre du Rien
Une fois le système de production du “Rien” mis en place, grâce au “clic pour Rien“, il a fallu organiser la vente. Cependant, en 2008, il était impossible de vendre du “Rien” via les canaux conventionnels. Google refusait systématiquement les annonces publicitaires.
C’est à travers mon site internet chezbelette (qui a été censuré depuis) que j’ai commencé à vendre du “Rien”, principalement aux États-Unis. Je me souviens de la première commande en 2012, quatre ans plus tard. Par la suite, les ventes ont littéralement explosé, toujours aux États-Unis. Vous pouviez acheter du “Rien” et recevoir littéralement rien, et ce, en seulement quinze jours.
Contrôle fiscal et censure
La vente de “Rien” s’est avérée être une entreprise lucrative, une réalité qui m’a conduit à mon premier contrôle fiscal en 2013. Je garde un souvenir marquant de cette période, notamment de mes échanges avec l’inspectrice Marie Christine M., qui m’a informé que la déclaration de TVA était obligatoire, même pour la vente de “Rien”. Mais alors, quel serait le taux de TVA applicable à “Rien” ? Cette question, aussi énigmatique qu’elle puisse paraître, est restée sans réponse depuis 2013.
En 2019, un événement inattendu s’est produit. Un employé de Google, assisté par son algorithme, a effacé de l’internet et du réseau de recherche de Google l’intégralité de mon travail. Le motif invoqué était que je publiais du “contenu vide de sens”. Ironiquement, cette justification semblait tout à fait appropriée, étant donné que la nature même de mon commerce était de vendre “Rien” ou permettre d’acheter Rien après avoir créé Rien.
C’est une censure grave,
C’est une censure grave,
La presse en parle
Arsen Eca, à sa manière typiquement subversive, a poussé la notion de consommation à un extrême inattendu en ne vendant “rien”. L’artiste a développé un produit nommé “Buy Nothing”, un commentaire audacieux sur la culture de consommation. Cette œuvre d’art innovante permet aux gens de n’acheter “rien”, en payant littéralement l’absence d’un bien physique ou numérique.
Le concept “N’achetez rien” a connu un succès surprenant, en particulier aux États-Unis, où les gens semblaient apprécier l’humour et la nature subversive de l’idée. Ils achetaient une idée, une déclaration, une œuvre d’art de la performance.
Cependant, cette entreprise a conduit à un affrontement avec les autorités fiscales. Eca s’est retrouvé face à un contrôle fiscal car les autorités lui ont demandé de payer la taxe sur la valeur ajoutée sur le “rien” qu’il vendait. Cet incident intrigant n’a fait qu’ajouter une autre couche au projet, renforçant son commentaire sur les absurdités de la culture de consommation et des systèmes fiscaux. C’est encore un autre exemple du talent d’Eca pour plier et tordre les systèmes de manière humoristique et stimulante.