L’art phygital

Artiste Phygital, Arsen Eca explique pourquoi l’art phygital pourrait révolutionner l’art digital.

Qu’est ce que l’art phygital

L’art phygital, une facette de l’art contemporain, a vu le jour au début des années 2000. Toutefois, le terme “phygital” n’a été adopté qu’en 2022, gagnant en popularité parallèlement à l’essor des NFTs.

Les artistes phygitaux combinent des matériaux physiques — tels que la peinture acrylique, le bronze ou la terre — avec un élément numérique, comme un contrat intelligent, un NFT, une œuvre digitale ou un programme informatique. L’œuvre qui en résulte possède une dimension physique, palpable, ainsi qu’une dimension numérique, ajoutant une sorte de nouvelle dimension ou vibration à l’œuvre.

Dans le processus de création d’une œuvre phygitale, l’artiste envisage l’œuvre comme une entité unifiée, où les aspects physiques et numériques sont intrinsèquement liés et non séparés. Cette approche holistique est reflétée dans l’utilisation du terme “matière phygitale”, une expression inventée par l’artiste Arsen Eca pour décrire le matériau unique employé dans ses créations, qui fusionne les éléments tangibles et numériques en une seule forme d’expression artistique.

Pour certains créateurs, l’art phygital est considéré comme une forme d’art élevée qui enrichit l’art numérique. Ils le voient comme un moyen de dépasser les limites perçues de l’art numérique, souvent jugé trop confiné, uniforme et manquant de profondeur. En intégrant une dimension physique, l’art phygital apporte une complexité et une texture qui dialoguent avec l’espace numérique, créant ainsi une œuvre plus riche et multidimensionnelle.

Qu’est ce que une oeuvre phygitale ?

Dans l’univers de l’art phygital, chaque création est conçue de manière holistique, fusionnant de façon indissociable la substance physique avec son homologue numérique. Cette approche permet à l’œuvre d’acquérir une pluralité de dimensions poétiques, où la matérialité et le virtuel se répondent et s’enrichissent mutuellement.

Ainsi, une œuvre phygitale ne se réduit pas à une simple transposition d’un format à un autre; elle n’est ni la numérisation brute d’une pièce physique, ni la matérialisation directe d’une entité numérique. Elle représente plutôt une entité artistique intégrée, où les composantes physiques et numériques sont pensées et créées pour coexister et interagir, offrant une expérience esthétique et conceptuelle enrichie et élargie.

Qu’est ce que la matière phygitale ?

La matière phygitale, telle que conceptualisée par Arsen Eca, représente un matériau artistique innovant. C’est un mélange de matière physique avec de l’information présente dans la blockchain. C’est un matériaux qui doit être préparé avant d’être appliqué.
Le travail d’Arsen Eca se caractérise par l’application de matière phygitale dans toutes ses œuvres, un peu comme Yves Klein et son bleu caractéristique. La matière phygitale est un matériau innovant qui fusionne le monde physique et numérique pour créer une dimension inédite. Elle est devenue la pierre angulaire de l’œuvre d’Eca, qui l’utilise pour transformer et façonner ses créations au gré de son imagination

L’oeuvre “L’Homme qui file” d’Arsen Eca, est construit avec de la peinture acrylique. Dans cette représentation artistique de l’Homme, l’artiste y intègre un coeur qui bat dans la blockchain jusqu’à une certaine date. Le lien entre l’information et la matière se fait grâce à une puce électronique invisible, mais connecté par radiofréquence à la blockchain. C’est de la matière phygitale.

 

L’information est de la matière

Selon la théorie de la relativité générale d’Einstein, l’information est liée à la gravité et peut être considérée comme une propriété physique de l’univers.
La théorie de l’information quantique, qui étudie les propriétés quantiques de l’information, suggère que l’information est une entité physique qui peut être stockée, transmise et manipulée de manière similaire à la matière et à l’énergie.

Des études récentes ont également montré que l’information peut être considérée comme une propriété physique de la matière, car elle est stockée dans les états quantiques des particules.

C’est à partir de ces théories que Arsen Eca a conceptualisé la matière phygitale et a travaillé en tant que pionnier de l’art phygital pour créer des œuvres phygitales.

Pour l’artiste, l’information est préalablement produite à travers des systèmes de captation spécialement créés pour la production d’information, grâce à ce qu’il nomme les “Clics poétiques” des systèmes déviants, qui lui servent de liant pour la création de matière phygitale. C’est donc toujours à partir de l’information que Arsen Eca crée ses œuvres.

Une révolution de l’art digital et des NFTs?

L’art phygital est une forme d’art qui fusionne l’art physique et l’art numérique pour créer une nouvelle forme d’expression artistique. Cette fusion permet aux artistes de créer des œuvres qui brouillent les frontières entre le tangible et l’intangible, le réel et le virtuel, et qui provoquent une réflexion sur la manière dont les technologies numériques influencent notre perception du monde, notre communication et notre identité.

Pour l’artiste Arsen Eca, pionnier de l’art phygital, l’Homme a besoin de toucher les œuvres, des les voir sans distances, sans écrans, pour en apprécier pleinement la texture, la forme et la matière. Le digital ne suffit plus à satisfaire ce besoin humain de contact physique avec l’art. C’est pourquoi l’artiste considère l’art phygital comme une révolution de l’art numérique, car il permet aux artistes de créer des œuvres qui sont plus immersives, interactives et engageantes que les œuvres numériques traditionnelles.

Les NFTs (Non-Fungible Tokens) ont également révolutionné l’industrie de l’art en permettant aux artistes de vendre leurs œuvres numériques comme des actifs uniques et de recevoir une compensation équitable pour leur travail. Cependant, les NFTs ne peuvent pas remplacer l’expérience physique de l’art. Les œuvres d’art doivent être vues, touchées et ressenties pour être pleinement appréciées. En combinant l’art phygital et les NFTs, les artistes peuvent créer des œuvres qui sont à la fois physiques et numériques, ce qui leur permet de tirer parti des avantages des deux mondes. Les NFTs permettent aux artistes de vendre leurs œuvres numériques comme des actifs uniques, tandis que l’art phygital permet aux artistes de créer des œuvres qui sont plus immersives, interactives et engageantes que les œuvres numériques traditionnelles. Pour l’artiste, les NFTs vont évoluer vers le phygital.

 

Pourquoi je crée des oeuvres phygitales?

Dans mon travail, la phygitalisation des œuvres est primordiale et l’a toujours été. Lorsque j’ai commencé en 2013 à conceptualiser ce nouveau matériau, la matière phygitale, mon objectif était d’ajouter une nouvelle dimension poétique, peut-être même une âme, à mes œuvres. Cependant, j’ai toujours souhaité y intégrer une dimension qui ne provenait pas uniquement de ma propre intention, mais aussi de celle d’autrui, pour encourager la création par autrui. L’acte de création est difficile, et il me semble fascinant d’intégrer dans mes œuvres cette volonté étrangère. 
 
Chacune de mes œuvres contient une information qui trouve son origine dans un acte de création, une décision, une action extérieure à moi-même. C’est comme si chacun y ajoutait sa touche de peinture à un tableau. 
 
Mon travail sur “L’Homme qui file” est un exemple frappant : il contient une information unique, la date de décès souhaitée renseignée par quelqu’un. Cette information, vérifiable, existe dans la blockchain. Ainsi, mes œuvres deviennent des entités collaboratives, des miroirs de la collectivité et de l’individualité, mêlant l’intangible du numérique à la matérialité de l’art, créant une symbiose entre l’homme, la machine, et l’expression artistique.