L’Homme qui file, un portrait

Arsen ECA

Une acrylique sur toile poétique

“L’Homme qui file” est une œuvre représentant un homme à échelle réelle, constitué d’une multitude de filaments colorés. Cette figure a d’abord pris forme sur les murs des villes avant d’être transposée sur toile.
 
Son inspiration trouve sa source dans mes observations des forêts, où je contemplais ces arbres filiformes s’élançant vers le ciel. Bien que je n’aie jamais réussi à concrétiser cette représentation d’arbre, j’ai en revanche transposé cette idée à la figure humaine. Dans “L’Homme qui file”, chaque filament est semblable à un arbre coloré, symbolisant une vie distincte de celle de son voisin, tout en contribuant à l’unité de l’ensemble par homéostasie.

Le travail 

Dans la genèse de chacune de mes œuvres, et “L’Homme Qui File” ne fait pas exception, tout commence par un clic, émanant d’une personne que je ne connais pas forcément. C’est l’histoire d’un passant, qui, au gré de ses déambulations, tombe par hasard sur un dispositif déviant. Ce système lui offre, par un simple clic, la possibilité de revendiquer son droit de vivre jusqu’à sa mort. Un droit fondamental, exprimé à travers cet acte numérique simple mais profondément symbolique.

Ce clic est l’élément déclencheur qui me fournit la matière première, me permettant de capturer et de peindre l’instant, le moment précis qui en découle, tel un instantané photographique du temps présent. Pour moi, ce geste représente bien plus qu’une simple interaction : c’est le signal qu’un individu revendique son droit de vivre, marquant une prise de conscience qu’un monde alternatif, plus poétique, est possible. “L’Homme qui file”, c’est l’incarnation de cette personne, une représentation artistique de son désir d’exister pleinement dans un univers où la poésie et l’alternative ont leur place.

Un homme qui file pour l’éternité jusqu’à sa mort

Dans la poésie de “L’Homme qui file”, figure éphémère et insaisissable, qui traverse la vie à toute vitesse, fuyant vers l’inconnu, j’ai intégré un cœur qui bat réellement. Ce cœur, doté d’une existence propre dans la blockchain, est connecté à “L’Homme qui file” par radiofréquence. Ce cœur continuera de battre jusqu’à une date déterminée, moment où, selon le contrat d’exécution, il cessera de fonctionner. L’instant précis de la fin de “L’Homme qui file” reste inconnu, mais inéluctablement, un jour, il s’arrêtera, et “L’Homme qui file” le fera à jamais.

Le résultat

Cette œuvre, au-delà d’une simple expérimentation artistique, se transformait en un jeu captivant lorsqu’il s’agissait de la faire lire à des enfants issus de cultures et de nationalités diverses. Le roman racontait l’histoire d’un employé, unique survivant d’un accident d’avion. Bien que l’histoire globale restât la même, les variations de compréhension et d’interprétation étaient fascinantes à observer.
 
Bien que le livre se révélât parfois difficile à déchiffrer pour les jeunes lecteurs, l’intérêt résidait dans la démonstration de cette superposition d’états. Chaque enfant, en fonction de son contexte culturel et de ses expériences personnelles, apportait une interprétation unique aux émoticônes, illustrant ainsi la richesse et la diversité des perceptions humaines. Cette expérience était pour moi un moyen d’explorer et de montrer comment une même série d’images simples pouvait engendrer une multitude de récits et d’émotions, reflétant la complexité et la beauté de la communication humaine.