La prise de conscience

L’art et les artistes censurés par les algorithmes

Un Nexkdown

Un nuque baissée

Un “Neck Down” pour l’artiste Arsen Eca est une nouvelle figure humaine 

Le 16 mars 2019, Google, dans un acte de censure algorithmique sans précédent, a effacé mon existence numérique du web.
Le motif invoqué ? “Contenu vide de sens“. Ironiquement, cette suppression est devenue une démonstration poignante de la dictature algorithmique que je critique. Ainsi, je suis devenu le premier artiste à subir la censure algorithmique, une censure qui, en elle-même, confirme les thèmes que j’explore.
L’élément déclencheur (entre autres) Le Clic pour rien, un bouton qui ne sert à rien, mais qui dérange.
Ma colère est immense face à notre soumission aveugle aux systèmes de lissage qui nous enveloppent. Au nom d’un utilitarisme creux, au nom de la simplification de notre vie par l’éradication du choix, nous avons capitulé. Nous ne sommes plus confrontés à la complexité des choix, car les algorithmes prétendent calculer pour nous le “meilleur” choix, et nous, naïvement, nous sourions. Où est notre esprit critique face à cette paresse intellectuelle imposée ? Où est notre volonté de décider par nous-mêmes ? Cette acceptation passive est un affront à notre liberté fondamentale de choisir, de questionner, de vivre pleinement.

Nos émotions, réduites à de simples données, sont scrutées, analysées et régurgitées sous couvert de bien-être par des entités privées. Elles sont pourtant bien plus précieuses que l’or. Depuis cette censure du 16 mars 2019 par Google, je me suis résolument engagé à persévérer dans la voie que j’ai tracée depuis 2012. En réponse à cet acte, j’ai adressé mon manifeste à Google, faisant du “clic pour rien” une pièce centrale de ma démarche. Ce geste symbolique devrait être un acte de résistance collectif. Cliquer pour rien, c’est défier le système, c’est réaffirmer notre humanité face à la réduction algorithmique de nos vies.

 

Les prières d'arseneca

Ce manifeste est mon engagement à poursuivre une odyssée artistique où la non-conformité, l’ambiguïté et la déviance sont les boussoles qui guident mon travail. C’est une invitation ouverte à tous ceux qui cherchent à voir le monde sous un angle différent, hors système et loin des écrans, à ceux qui sont prêts à remettre en question, à explorer et à imaginer. Engageons-nous dans ce voyage artistique, démantelons les normes établies et embrassons les richesses de l’ambiguïté, du clinamen et de la déviance.

Le manifeste d’aide à l’indécision

1. Non-Conformité : Rendre Conforme l’Inconforme

Mon art prend pour mission de rendre conforme ce qui est traditionnellement considéré comme non conforme. En utilisant les mêmes outils et méthodes que les systèmes actuels de mise en conformité et de lissage, tels que les algorithmes et les mécanismes de contrôle social, je crée une sorte de miroir inversé. Cette démarche vise à exposer les absurdités et les rigidités de ces systèmes. En empruntant leur langage et leurs stratégies, je transforme les éléments non conformistes en véhicules de critique standardisée. Cela crée un paradoxe où la non-conformité elle-même est utilisée comme un moyen de révéler et de contester les forces de normalisation et d’homogénéisation. Mon objectif est de déstabiliser les perceptions habituelles, d’inciter à une réflexion critique sur notre monde et ses structures sous-jacentes. À travers mon art, je cherche à démontrer comment les normes et les attentes peuvent être manipulées, et comment, en les retournant, nous pouvons remettre en question et réévaluer les réalités que nous prenons pour acquises.

2. Ambiguïté : La Liberté de l’Interprétation Chaque pièce que je conçois est imprégnée d’une ambiguïté délibérée.

Je crois fermement que l’art doit laisser un espace à l’interprète, lui permettant de naviguer à travers différentes significations, de tisser ses propres fils narratifs. Cette ambiguïté est essentielle : elle respecte la liberté de l’observateur, encourage la diversité des points de vue et favorise un dialogue ouvert entre l’œuvre et son public. L’art n’est pas là pour dicter, mais pour suggérer, pour ouvrir des chemins de pensées multiples et variés.

3. Déviance : Une Invitation à l’Alternative L’essence de mon art réside dans sa capacité à dévier, à perturber le flux régulier de notre perception et de notre compréhension du monde.

A travers la déviance, je cherche à dérouter, à amener à des réflexions inattendues, à offrir des perspectives alternatives. Mon œuvre est un voyage vers l’inconnu, un pas hors du système établi, une exploration des possibilités qui s’étendent au-delà des limites de notre réalité quotidienne.

Arsen Eca, dans sa réflexion philosophique, explore la précarité des émotions humaines à l’ère numérique depuis 15 ans. Il met en lumière une problématique fondamentale : dans un monde où la technologie et les écrans dominent notre quotidien, nos émotions authentiques sont menacées, risquant de devenir des artefacts au service de l’économie numérique.

Selon Arsen Eca, nos interactions quotidiennes, autrefois riches en émotions spontanées et authentiques, sont désormais assujetties aux écrans et aux algorithmes. Ces derniers, bien que révolutionnaires dans leurs capacités à traiter et à gérer des données, érodent la profondeur et la diversité de nos expériences émotionnelles. Dans ce contexte, les émotions humaines, qui devraient être célébrées pour leur complexité et leur authenticité, sont réduites à de simples données numériques, exploitables et monétisables.

Pour Arsen Eca, les émotions ne sont pas seulement des réactions passagères ; elles sont le cœur battant de l’expérience humaine, des trésors d’une valeur inestimable. Il voit dans la préservation des émotions réelles une nécessité impérieuse, un acte de résistance contre l’uniformisation émotionnelle imposée par les technologies numériques. En effet, la sauvegarde de nos émotions authentiques est un enjeu crucial dans la lutte contre l’aplatissement de notre expérience humaine.

Dans sa vision, le rôle des parents et des éducateurs est primordial pour façonner un avenir où les enfants peuvent grandir dans un environnement équilibré, où les interactions humaines et les expériences émotionnelles sont privilégiées par rapport à la consommation passive d’écrans. Pour lui, les émotions humaines ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel du progrès technologique ; elles doivent être préservées, célébrées et exprimées dans leur forme la plus pure.

Le travail de recherche artistique d’Arsen Eca est un appel à un éveil collectif. Un appel à reconnaître et à valoriser nos émotions comme le fondement de notre humanité et de notre identité individuelle. C’est un plaidoyer pour un retour à l’authenticité émotionnelle dans un monde de plus en plus numérisé, un monde où, selon lui, nos émotions valent infiniment plus que l’or.